We have vodka and misery ▽ Wilyna [flashback]

Kurwa. Mes parents vont probablement me tuer, lorsqu'ils vont recevoir le hibou de l'école. Il est vrai, que j'ai peut-être un petit peu exagéré. Mais en quoi devrais-je rester à cette soi disant place de femme que l'on a choisi pour moi, sans me demander mon avis ? Pourquoi est-ce que je n'aurais pas le droit de pratiquer l'escrime avec les hommes ? Probablement parce qu'ils aimeraient bien tous nous dire quoi faire, ces fils de chiens. Nous dire quoi penser, et ne surtout pas nous laisser nous défendre toutes seules. Mais je ne veux pas de cette vie de merde. A quoi est-ce que cela va me servir, de connaître les grands poèmes classiques, si jamais tout part en couille ? Ce jour-là, je n'ai pas envie d'attendre la bouche en cœur qu'un prince charmant vienne me sauver. Il vaut mieux pouvoir compter sur soi-même plutôt que d'attendre les autres. Cette place de petite chose fragile, ce sont les hommes qui nous l'imposent. Or moi, on ne m'imposera rien. On ne me diras pas quoi faire, et encore moins quoi penser.

Isolée du reste de mes camarades de classe, encore folle de rage d'avoir été menacée d'être expulsée pour avoir osé gueuler, je soupire longuement. Loin de ce château que j'ai toujours trouvé trop pompeux, je suis encore une fois emmerdée par cette longue robe d'un rose poudré que j'ai toujours trouvée inconfortable en plus d'être culcul. Au bord de la rivière, je jette avec rage les cailloux qui me tombent sous la main pour faire quelques ricochets. L'année scolaire vient à peine de commencer, et en ce début de mois de Septembre je n'ai clairement pas envie de continuer l'école. Tout du moins, pas dans ces conditions. Sixième année. Encore deux longues années scolaires à tenir ici.

Je me demande parfois si l'herbe est plus verte ailleurs. J'ai entendu parler du programme universitaire de Poudlard en Ecosse. Mais là-bas aussi, c'est un bon pays de merde. Finalement, il semblerait que l'endroit idéal n'existe pas. Je sais que là-bas au Royaume-Uni, la place de la femme est équivalente à l'Europe de l'est. Il paraît même qu'ils offrent une médaille à celles capables de pondre cinq gosses à leurs maris. C'est à gerber, pour être tout à fait honnête. Un enfant, pourquoi pas, d'ici quelques années et si j'arrive à trouver le bon. Mais finir en tant que mère au foyer ? Excusez-moi d'avoir d'autres ambitions. Les yeux perdus sur la surface ridée de l'eau de la rivière, je soupire de nouveau. Merde. Quel avenir, pour une femme comme moi ? Quelle place avoir, dans une société qui n'est pas faite pour mes envies d'avenir ?    

Savoir danser la valse à la perfection ne me mèneras à rien. Ce n'est pas en sachant tournoyer ainsi que je pourrais sauver des vies. J'aimerai devenir guérisseuse, aider mon prochain ainsi. Je suis à peu près certaine qu'il va finir par y avoir une nouvelle guerre un jour. Et à ce moment-là, je compte bien être capable de ne pas laisser crever ceux qui comptent à mes yeux. Pourrais-je seulement le devenir ? Faudrait-il encore que je ne sois pas renvoyée. Je n'ai pas envie qu'ils me cassent ma baguette, que je sois obligée de finir à l'école moldue. Pas que j'ai quoi que ce soit contre les gens dépourvus de magie. Ce serait tout simplement hypocrite, puisque ma propre mère est une moldue. Mais le destin a choisi une autre voie pour moi, en me faisant naître sorcière comme mon père.

Relevant la tête en entendant le bruissement des herbes jaunies par le soleil de l'été, prête à envoyer chier qui s'apprête à me déranger je me ravise rapidement. Il ne s'agit pas d'un professeur fort heureusement. C'est juste mon idiot favori. Reprenant place au bord de la rivière en ramenant mes genoux contre ma poitrine, j'attend simplement que le blond vienne s'installer près de moi. Il le fera. Sinon pourquoi serait-il venu jusqu'ici pour me chercher ? « J'espère que tu as de quoi me remonter le moral. » Toujours cet accent Polonais qui n'a pas disparu, lorsqu'il faut parler le Russe à l'école. Une autre de mes caractéristiques qui énerve certains de mes professeurs, jugeant que ma diction fait trop campagnarde. C'est à se demander comment est-ce que j'ai fait pour réussir à atteindre finalement le troisième Opéra en ce début d'année.

« Tu crois qu'ils voudraient bien m'accepter à Durmstrang si jamais j'me fais vraiment virer pour leur avoir gueulé dessus ? Il faudrait que j'apprenne le Norvégien. » Mieux vaudrait miser sur Beauxbâtons, puisque nous apprenons tous le Français ici en plus de l'Anglais. Mais je ne suis pas certaine que les Français acceptent les étudiants étrangers. Surtout qu'il paraît qu'ils sont très coincés du culs, eux aussi...

Je connaissais Valentyna depuis un sacré moment. J’appréciais grandement son tempérament de feu. Un certain don pour parler fort et son petit caractère de dominatrice qui me rendait de bonnes humeurs. Plusieurs semblaient croire que nous formions un couple. Pourtant, cette femme ne m’intéressait pas du tout. Elle était belle, mais elle était ma meilleure amie seulement. Je n’oserais même pas penser toucher son corps autrement que pour la protéger ou encore pour la pousser dans une étendue d’eau. Je la traitais comme mon égale et je savais que plusieurs n’appréciaient pas ça. Elle s’était mise dans la merde en ouvrant la bouche et je me doutais que sa famille n’allait pas apprécier du tout son comportement.

J’avais décidé de la rejoindre en sachant parfaitement qu’elle s’était isolée pour avoir la paix. Impossible de nous séparer de l’un comme de l’autre. Elle savait que j’avais un père en Angleterre et que celui que j’appelais comme tel ici ne l’était pas réellement. Elle était la seule à se savoir d’ailleurs. Elle savait également la rage qui me consumait comme jamais en silence dans le plus profond de mes entrailles. Cette envie de tout détruire et de faire la peau à cet homme. Mon rêve de devenir un grand bâtisseur comme mon beau-père également ce qui me valait le plus haut niveau à l’école. Je me donnais à fond dans tous. J’étais loin d’être un gros débile dépourvu de neurones, mais j’étais un grand impulsif et ça jouait contre moi. Chacun ses forces et ses faiblesses dans ce monde après tout.

Une main dans une poche de mon pantalon, l’autre avec une bouteille volée et chemise ouverte, je marchais jusqu’à venir m’asseoir à côté d’elle. Je me laissais écraser dans l’herbe en rigolant. C’était bien ma Valentyna de me demander ça directement.

- Jus de citrouille volé. C’est ce qui me reste par contre. Je me suis dit que tu en avais plus besoin que moi.

Je lui tendais la bouteille avec nonchalance en regardant la rivière en face de nous. Je sortais mes cigarettes. J’avais commencé à fumer deux ans auparavant. Vilaine habitude, mais elle me permettait de me détendre. Fort accent russe dans ma voix caverneuse. La puberté avait fait de moi une sacrée pièce d’homme au final. Je commençais à fumer avec nonchalance.

- Tu ne te feras pas virer. Arrête tes conneries Valentyna. Tu n’as tué personne. Tu as juste ouvert ta grande gueule encore une fois. Ce sont juste des débiles qui ne comprennent pas ton point de vue. On les envoie se faire foutre et c’est tout.

Je rigolais. J’étais bon là-dedans moi aussi. La différence étant que j’étais un homme donc ça passait mieux. Je la regardais et je passais mon bras libre autour de ses épaules pour venir la coller contre moi. Baiser sur le dessus de sa tête.

- T’as encore changé tes cheveux ou je rêve ? Et puis … Qui sera là pour me surveiller et me botter le cul si tu pars hein ? J’ai besoin de toi.

Ce bon vieux Wil. Toujours là pour me remonter le moral, ou au moins essayer. J'accepte bien volontiers son jus de citrouille volé, tout en songeant que dans une situation telle que la mienne, cela suffirait à me mettre encore plus dans la merde. Mais aussi, que j'aurais préféré quelque chose d'un peu plus fort qu'une boisson sans alcool destinée aux enfants. Ce jus de citrouille manque clairement de vodka selon moi. Je le remercie d'un petit sourire et en avale une gorgée avant de lui rendre la bouteille. Haussant les épaules à sa réflexion, je me demande bien s'il a raison ou non. Il a raison, je n'ai tué personne. Même si j'aurais bien volontiers arraché la langue de cette vieille catin de Svorniva. J'ai en soi, juste ouvert ma grande gueule comme il le dit si bien. Et je dois bien avouer que je serais très emmerdée si je devais changer d'école. Mon français laisse à désirer, je suis bien meilleure en Anglais. Il faut dire que j'ai tout particulièrement pris à cœur l'étude de cette langue, dans le but d'éventuellement m'inscrire dans le cursus de Médicomagie de Poudlard. Il me faudra un bon dossier scolaire, même si les relations internationales entre la Russie et l'Angletterre sont plutôt courtoises. Si j'avais été américaine, les choses n'auraient pas été si simples. Mon sang-mêlé déjà, leur posera sans doute problème... Alors il me faut mettre toutes mes chances de mon côté. Je pourrais bien entendu devenir guérisseuse en restant en Europe de l'est. Mais j'aimerai voyager. Voir du pays. « J'espère que t'as raison. Je peux pas me permettre d'être renvoyée. »

Lorsqu'il mentionne mes cheveux, je ricane à sa blague. Wil a du mal à suivre. Un peu comme tous les mecs, qui ne remarquent que rarement lorsqu'une femme change quelque chose dans sa coiffure ou son look. « Oui, même si ça fait déjà deux semaines. » Pourtant, je ne m'offusque pas que Ivanovitch n'ait pas remarqué. D'autres filles auraient été outrées, qu'il ne s'en rende pas compte. Il est assez populaire au près des sorcières de l'école, beaucoup ont un béguin pour lui et viennent parfois essayer de me soudoyer quelques informations sur lui. Ou bien, d'autres me haïssent simplement parce qu'elles pensent que nous sortons ensemble. Il n'y a pourtant jamais eu le moindre sentiment romantique entre nous. Ni de son côté, ni du mien. Nous sommes simplement amis, et cela restera toujours ainsi.

Fixant l'horizon, je réfléchis en me mordillant la lèvre. Si ça se trouve, je suis déjà foutue. « Est-ce que ça te dis de faire le mur pour aller au village moldu du coin boire un coup ? » J'ai l'avantage d'avoir une mère qui ne possède pas de magie. Elle est une simple moldue et mon père lui est un sorcier. Je connais donc plutôt bien ce monde là, contrairement à d'autres qui ne sont entourés que de sorciers dans leurs familles. Un bon moyen de nous dissimuler tous les deux, Ivanovitch et moi, parmi les moldus. C'est bien entendu totalement interdit. Faire le mur également. « Si c'est ma dernière soirée à l'école, je compte bien en profiter et partir avec panache. Quitte à se faire virer, autant qu'ils aient une bonne raison tu ne crois pas ? »

Avais-je oublié de mentionner mon jus de citrouille n’était pas vraiment du jus de citrouille ? J’avais mis un peu (beaucoup) d’un petit remontant maison. Une potion pour se détendre et rigoler un peu que l’un de mes potes avait faite et qu’il vendait à un prix de dingue. C’était mieux que de l’herbe. L’effet était très intéressant et j’espérais que Valentyna avait compris que ce n’était pas que du jus de citrouille. Je la gardais contre moi. Cette femme, elle était un peu mon monde à l’école. Loin d’être amoureux d’elle, mais elle m’empêchait de foutre la merde encore plus que je ne le faisais. Je me mettais à rigoler alors qu’elle me disait que ça faisait déjà deux semaines. Je ne remarquais jamais ce genre de choses. Je ne voyais pas l’utilité de le remarquer de toute façon.

- Vaux mieux tard que jamais. Holga m’aurait arraché les yeux.

Une de mes anciennes petites amies. Une blonde anatomique qui n’avait pas réellement de neurones et qui était fortement jalouse de la complicité que j’avais avec Valentyna. Je ne comprenais pas pourquoi. Si une personne entrait dans ma vie, elle acceptait que Valentyna soit dans les parages. J’étais incapable de me passer de sa présence. J’avais besoin de ma meilleure amie et je voulais qu’elle soit heureuse. J’étais là pour la protéger en cas de besoin. Évidemment, elle était capable de se défendre, mais physiquement, elle devait avouer que j’étais diablement plus efficace. Je regardais devant nous lorsqu’elle se remettait à parler. Sourire qui s’étirait sur mon visage et je me mettais à rire un peu. Elle savait que je ne pouvais pas résister à l’envie de faire le mur. J’étais faible à ce niveau et je l’assumais pleinement.

- Bon, si tu me prends par les sentiments. Je veux bien sacrifier mon foie pour t’accompagner ce soir.

Je me relevais alors qu’elle en rajoutait une couche. Je penchais mon regard vers elle. Regard à la limite noir et je sortais mes clopes de mon pantalon. Vilaine habitude que j’avais prise l’an dernier. Ça dérangeait fortement ma mère et mon beau-père s’en foutait un peu. Du moment que j’avais des bons résultats à l’école.

- Ils ne vont pas te virer arrête. Tu n’as tué personne que je sache. Aller. Lève ton gros derrière qu’on aille voir qui de nous deux tient le mieux l’alcool.

Je rigolais un peu avant de marcher en direction de la zone à l’écart du moindre regard. Je n’avais pas envie de me faire prendre. Nous étions loin d’être des anges. Je regardais autour et je me passais une main dans les yeux. Passer par le petit boisé était le plus facile et le plus discret. Encore heureux que l’école n’ait rien remarqué. Depuis le temps que des élèves passaient par là pour aller faire des bêtises. Oh, il se passait bien des choses dans ce bois. La preuve étant Ludvic qui embrassait sans la moindre gêne une jolie sorcière en caressant ses charmes. Poitrine à l’air pour la demoiselle.

- Eh bah … Y’en a qui s’amusent autrement. C’était de quel côté déjà ?

Une fois sur deux, je me trompais. La faute à mon cerveau embrumé par moment sans doute.

Bien souvent, les nanas s'offusquent quand leurs copains ne se rendent pas compte des petits changements minimes dans leurs apparences. Mais il faut bien comprendre que la plupart des garçons ne sont pas très observateurs. Il leur faut souvent du temps pour se rendre compte d'une nouvelle coupe de cheveux, et quand on leur demande leur avis sur une tenue, ils ne sauront généralement pas quoi dire. Ah, c'est comme ça. Les hommes et les femmes sont un brin différents sur certains points, je suppose que nos cervelles ne fonctionnent pas de la même manière. Les femmes vont se concentrer sur les détails, les hommes ont une vision d'ensemble. Probablement quelque chose du genre. Surtout quand on s'appelle Ivanovitch. En dehors de l'école où il excelle, c'est un sacré abruti. Mais il est mon débile favori. Il se donne simplement les moyens de réussir scolairement parlant, afin de prouver qu'il peut y arriver même en étant un bâtard. Il n'a pourtant rien à prouver à personne, son véritable géniteur n'a aucune idée de son existence. La vie aurait pu continuer ainsi pour lui, mais il en décidé autrement. C'est le choix qu'à fait mon meilleur ami, et je le respecte.

Nous partons donc dans les bois, et je ricane à sa réflexion sur le couple qui se bécote ici. Une fois encore, nous allons en perturber plus d'un Wil' et moi. Nous ne sommes pas là pour la même raison que ce jeune couple, qui a besoin d'un petit coin tranquille pour vaquer à leurs études sur le corps du sexe opposé. Mais si jamais ça vient à se savoir qu'on nous a vu dans ce bosquet Ivanovitch et moi, je vais sans doute encore devoir gérer une crise de nerfs de sa petite amie. Tout le monde semble croire que le Russe et moi entretenons une relation amoureuse, alors que ce n'est absolument pas le cas. Comme si l'amitié entre un homme et une femme ne pouvait pas exister sans arrières pensées. Levant les yeux au ciel, je lui montre donc le chemin sur la droite. « C'est par-là abruti. »

Soulevant ma robe de sorcière un brin trop longue pour une telle expédition, j'enjambe une pile de cailloux assez distinctive. Manquant de me vautrer trois mètres plus loin, je lâche un juron en Polonais et attrape ma baguette : « Multicorfors »

lancé de dé:

Si c'est en général mon ami qui est le plus doué en matière de métamorphose, je parviens tout de même à changer l'apparence de mon uniforme pour une robe d'été blanche arrivant au dessus du genoux. Plus discret que cette vieille merde rose trop longue. Je le jure, une fois sortie de Koldo, plus jamais je ne porterai cette couleur ! Elle me sort par les yeux.